La liberté, enfin, comme un cheval au galop dans mes poumons.
Ursula-andthe-Dude
LA TERREUR DE VIVRE
Mardi 18 décembre 2012 à 22:05
La liberté, enfin, comme un cheval au galop dans mes poumons.
Jeudi 22 novembre 2012 à 22:45
-Ouais mais quand même, t'es sacrément béton."
Jeudi 22 novembre 2012 à 19:25
On est allé manger un falafel sur les quais, en silence, comme deux personnes qui se connaissent pas trop bien. D'une certaine façon, même si on s'aimait bien, c'est vrai qu'on se connaissait pas trop bien. On est arrivé sur le bord de la Seine glacée, les lumières des lampadaires faisaient des grosses tâches sur la masse noir comme des phares braqués sur la peau grumeleuse et visqueuse d'un monstre des mers. Il faisait froid. On s'est assis sur les bancs glacés du quai vide, on avait beaucoup marché pour atteindre ce quai. Les falafels étaient à peine tiède. Sans s'en rendre compte, on s'est mis tout près l'un de l'autre, comme pour se tenir chaud, comme deux personne qui d'une certaine façon, même si elles s'aimaient bien, ne se connaissent pas trop bien. On ne parlait toujours pas mais j'étais incroyablement à l'aise. Il avait un regard et un sourire très doux, avec un rire tendre à chaque fois que je faisais une blague un peu bête. J'avais pas spécialement l'impression d'avoir un ticket et je crois que pour une fois je m'en fichais pas mal. Je profitais de ce moment d'apaisement, de la ville éteinte, des passants silencieux et du ronronnement de quelques bateaux chics. C'était un soir de semaine tard, tout le monde dormait ou travaillait, j'avais l'impression d'avoir 12 ans et de faire l'école buissonnière. D'ailleurs cette impression me donnait l'impression d'avoir pris un gros coup de vieux.
Tout d'un coup il m'a fait: " Non mais sinon ça va? 'Fin j'veux dire, tu tiens le coup? T'as l'air vraiment bien hein! Mais comme tu m'avais dit que ton ex et toi c'était très fort je pensais que tu serais un peu plus ramassée."
"Mon père m'a dit qu'il fallait pas regretter les gens qui nous faisaient du mal. Même si c'est tout bête, j'y avais jamais pensé avant. Surtout qu'il parait qu'il est devenu vraiment trop con."
Je crois que j'avais besoin d'en parler, encore, encore à un demi-inconnu. Parler c'était drainer le mal, c'était surtout un peu plus de pus qui sortait de la plaie, c'était relire sa démonstration, reprendre son remède contre la gueule de bois. Je lui ai raconté la rupture foireuse, ses mots durs et stupides qui m'avaient explosé à la gueule comme des pétards qui me piquaient encore un peu les yeux sans laisser de traces, je n'étais pas ce qu'il disait. J'ai aussi parlé de ce que je pensais être sa folie, de ses réactions bizarres, de son demi mutisme qui m'avait lui aussi explosé à la gueule tout à la fin.
Comme pour faire renaître un souvenir, un délicieux souvenir, comme on parle de quelqu'un de mort qu'on a aimé plus que tout, je lui ai aussi dit combien je l'ai adoré, tout ce que j'avais fait pour lui, tout ce qu'il avait fait pour moi, comment on s'était regardé grandir et comment on s'était offert l'un à l'autre jusqu'à s'en casser des os, je lui ai raconté combien il avait les moyens de devenir quelqu'un d'important mais aussi comment il perdait petit à petit ces moyens. C'était comme si je racontais la mort de cette personne, comme si elle était morte d'une très longue maladie qu'on avait su qu'à la fin, quand il n'y avait plus rien à faire. Alors, je me suis étonnée à lui parler de soulagement, de liberté, je lui ai décrit ce sentiment de culpabilité ou de peur qui m'envahissait toujours, celui de devoir toujours changer, de ne même plus se reconnaître ou se comprendre pour quelqu'un qui criait toujours plus. C'était comme si j'avais commencé à tomber malade aussi mais que la maladie était partie d'elle-même. Là où j'avais mal, c'était pas tant de perdre l'ombre de ce que j'avais aimé mais de prendre conscience de cette ombre. Ce qui faisait mal c'était la claque, la méga claque que je m'étais prise quand il est parti: ce n'était plus l'homme de ma vie, ni même celui de mes 18 ans, c'était un étranger qui me faisait mal tous les jours et on se mentait tous les deux en se déguisant de souvenirs, en adorant autre chose que nos êtres. On aimait notre relation, nos promesses, le nous d'il y a deux ans, la facilité et puis on était tellement paresseux, tellement fatigués. C'était tellement mieux de ne pas se poser les bonnes questions, de les remettre à plus tard. Je n'avais pas eu envie de le voir ce "tu l'aimes plus casse toi", pas maintenant, pas en ce moment. Evidemment j'étais tétanisée à l'idée d'être toute seule, évidemment j'avais peur de jamais vraiment m'en remettre, évidemment je penserai à lui toute ma vie, c'était sûrement ma plus grande passion, et j'avais l'impression d'avoir plus rien à vivre et à aimer ni même pour être aimée mais je ne voulais plus de ce nous en décomposition ni même de cette passion qui m'épuisait.
"C'est bête mais des fois j'ai presque envie de le remercier. Même moi je me trouve dingue mais c'est quand même lui qui a été le plus raisonnable. Non vraiment le plus dur c'est le sentiment de solitude et le manque du à l'habitude. Je veux pas spécialement le faire disparaitre de l'intégralité de mon existence mais je n'ai pas l'impression que ma vie s'arrête parce qu'il n'est plus là. Parfois j'aimeit petit à petit. Parfois j'aimerai qu'il reste quelque part, d'une autre façon. Ca va passer, je sais que ça va passer, c'est un gros chagrin d'amour à avaler quoi. J'ai hâte d'être complètement libre, d'avoir plus peur de rien. "
J'avais beaucoup parlé du coup j'ai ri un peu. Je lui ai posé des questions sur sa vie et sur ses amours aussi. On a beaucoup parlé d'amour, de tous nos amours de nos débuts à aujourd'hui. On avait cette impression de gosse d'avoir vécu plein de choses, trop de choses, mais je crois que c'est faux. Il m'a rappelé cette fois où je lui avais expliqué les vertus de l'amour éternel devant un verre de vodka en trop et on a beaucoup ri. Je me suis sentie vraiment bête mais il avait toujours ce rire tendre, ce regard incroyablement apaisant. J'avais l'impression de regarder un matin de Juillet dans un lit au bord de la mer. On avait arrêté de rire, on avait aussi arrêté de parler, il faisait de plus en plus froid, alors on s'est rapproché encore sans s'en rendre compte. Il m'a caressé la joue du bout de l'index avec un air entre le bon copain et le mec avec qui t'as un ticket. J'ai regardé son visage puis je me suis attardée sur sa bouche en me demandant si c'était une bonne idée, comme une grosse au régime devant une religieuse au chocolat.
Au contact de cette tendresse qui me manquait tant, mon corps s'est relâché et je me suis jetée sur sa bouche. Seulement, au premier contact, la pâtisserie avait un goût plastique, un côté réchauffé ou encore gâteau Carrefour premier prix. J'ai repensé à la théorie du mec pansement alors je me suis enlevée comme dégoûtée, il m'a regardé, triste et étonné, il avait toujours des yeux tout doux. Oui j'avais peur de finir seule, oui j'aurai bien aimé faire des bisous parce que c'est tout doux, tout chaud mais je ne voulais pas perdre l'opportunité d'enfin apprendre à être seule et bien dans ma peau. Je voulais être seule et grandie, je voulais faire des choses sans personne, goûter à cette liberté qui me tendait les bras. Continuer ce baiser c'était lâcheté, c'était fuir la douleur et ne jamais se prendre en main. On ne méritait de commencer une histoire basée sur la rencontre de deux solitudes.
J'ai bégayé un truc qui expliquait vaguement ce que je pensais, il a sourit à ma bouillie infâme avec plus de douceur encore. Je me suis remise à regarder la Seine et je l'ai entendu sourire. On est resté l'un contre l'autre pour se tenir chaud, il m'a pris la main et l'a pressée légèrement. Au fond de moi, j'étais bien contente qu'il me dise ça, j'avais encore plus hâte d'être libre.
Dimanche 3 juin 2012 à 15:10
2h du matin, il fait chaud pour un soir de Juin. Je crois que Manon est un peu saoule mais elle ne l'admet pas. J'aime bien quand elle se comporte comme ça, elle rit sans y penser. Ses jambes toutes nues sous sa jupe en soie, sa chemise trop grande et ses longs cheveux roux qui lui caressent les fesses me donnent envie de la tripoter dans un coin noir mais je sais que si je fais ça, on ratera le noctilien et elle arrêtera de rire. Elle me prend la main, j'ai le cœur qui explose. Il explose d'autant plus fort que je sais qu'elle le fait parce qu'elle est saoule. J'aimerai qu'elle boive tout le temps. J'aimerai voir qu'elle m'aime, j'aimerai qu'elle arrête de le dire et qu'elle le fasse. J'aimerai ne pas avoir à boire, moi, pour ne pas faire face à son cœur frigide. Je ne veux pas boire parce qu'elle est malheureuse, je ne veux pas payer ses pots cassés. Le quartier est triste, triste comme ma vie. Il y fait chaud, il y a des lumières et des gens qui y rient mais les bâtiments sont laids et sales, surtout sales, les arbres sont morts, il n'y a ni commerces, ni cafés, juste des gens qui se terrent dans des bâtiments laids et sales entre deux arbres morts pour pouffer de rire. Il se terrent pour cacher leur joie de vivre, pour la garder pour eux et ils ont raison. Si je savais où ils étaient je viendrai la leur prendre, je la sucerai jusqu'à la moelle puis je la rendrai triste, triste à mourir, triste comme ma vie. Quand j'ai rencontré Manon j'ai cru que c'était fini cette vie à traquer le bonheur des autres pour en faire de la bouillie mais elle est triste comme moi, peut-être même encore plus que moi. Quand elle parle d'amour parfait en buvant son café avec ses grosses cernes de désespoir, quand elle ne trompe personne sauf elle-même, elle est détestable, profondément détestable, elle mériterait qu'on lui foute une bonne baffe mais moi je suis amoureux. Je ne sais pas bien pourquoi : elle est pas si belle, pas si drôle, pas si intelligente mais je trouve qu'elle ressemble à une déesse. Une déesse toute en neige, si froide qu'elle me brûle les doigts, si piquante qu'elle m'arrache la bouche.
Mardi 17 avril 2012 à 17:37
Ca faisait quelques jours que je lui avais pris cette petite maison au bord de la mer. On entendait le bruit des vagues par la fenêtre et un vent frais et chaud à la fois passait par les fenêtres. Je savais qu'elle aimait ce genre d'endroit. Le lit était blanc, double, largement pourvu en coussins divers et un couvre-lit bleu ciel très clair décorait une couette moelleuse et blanche. J'aimais regarder son corps brun se rouler dans ces draps blancs, je trouvais qu'on y voyait mieux cette peau si chaude à l'odeur de miel, de sable et de fer, ses cheveux tout blonds et ses grands yeux bleus, parfaitement bleus. J'aimais y trouver le grand frisson: à chaque fois que j'y jetais un oeil, tout mon corps était parcouru d'un frisson délicieux qu'elle essayait d'enlever avec des grandes mains brûlantes. Je ne lui disait jamais que ce n'était pas parce que j'avais froid, j'aimais ce petit air inquiet qu'elle prenait, ses douces frictions qu'elle voulait vigoureuses. J'étais amoureux alors je lui avait offert cette semaine au bord de la mer, quelque part dans le Sud, dans un petit coin de paradis où on m'emmenait quand j'étais gosse. Je voulais qu'elle voit ce domaine où on entre que sur présentation de son titre de location ou de propriété, hors du temps, hors du monde, loin des autres. J'avais l'impression qu'ici il n'y avait ni tristesse, ni colère, comme si le coeur en entrant ici se lavait, comme si la mer charriait la haine loin de ses invités et la jetait quelque part dans l'océan. Je trouvais des mots d'amour dans l'écume, des cadeaux magiques dans les rochers, les journées illuminés, sous la lumière jaune d'un vrai soleil, et les nuits noires, très noires, avec juste les étoiles pour lampadaire. Je me sentais fils de cette terre idyllique dont je connaissais les moindres pierres, les moindres reflets de Soleil et les ports voisins.
<< 1992