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Dans la voiture, ses cuisses allées sur le siège passager, ses mains sur le tableau de bord, ses ongles coupés droit, les cheveux blonds pêle-mêle autour de sa figure. Elle sent le Soleil, la plage. Le miel et le thé. A l'ombre d'un arbre du parking, elle m'attend en jouant avec un sac en osier à ses pieds. En montant, j'ai le réflexe de glisser ma main sur cette peau ambrée. Elle tourne vers moi ses énormes yeux bleus, soulignés par sa peau bronzée, presque brune. Quand elle me regarde j'ai l'impression de tomber dans un syphon: j'ai peur de me noyer. Je retire ma main, l'air penaud, elle retourne au paysage. Silence. Silence aussi me fait peur, tout me faire peur. Clé de contact. Vroum. Les yeux fixes, elle regarde la baie sans broncher, sa bouche rose descend un peu plus vers le bas kilomètre après kilomètre, je sens mon estomac qui se tord, mes pleurs qui montent. Je roule vers ma vie qui s'effondre alors je pile sans prévenir dans une rue vide. J'espère qu'elle va pas se mettre en crier, qu'elle va juste garder avec cet air étonné, prête à être méchante. Je fonds sur elle, je lui prend les mains avec un visage dégoulinant, les intestins dans le pantalon. C'est pas que j'ai des poèmes sur la bouche, juste des excuses, des explications, des histoires d'amour qui ont foiré, d'autres qui sont mortes tout de suite, au fond de mon ventre, tellement de choses qui ont sonné faux qu'il faudrait lui expliquer. J'ai besoin de lui expliquer que je suis désolé, que si je serre ses mains aussi fort c'est que je sais que je l'ai déjà dit et qu'on est fatigué de m'entendre répéter. Je cherche les mots pour lui dire comment tout ça c'est trop gros pour mes organes rétrécis, que j'aimerai que ça s'agrandisse plus vite mais si je tire dessus j'ai mal à plus pouvoir rester. Moi je veux rester. Je sais que je suis en train de fuir. Des petits cris sourds sortent de ma bouche. J'ai l'air d'un veau qui cherche sa mère à l'abattoir. J'attends qu'elle me dise qu'elle en a assez de mes mais, que si j'étais heureux j'avais qu'à l'accepter et arrêter de faire chier. "T'as pas envie de m'aimer ? T'es pas heureux peut-être?" Je dodeline de la tête pour dire que si, mais si, bien sûr que si. J'ai juste pas l'habitude, il faudrait me rassurer avec des mots nouveaux tous les jours, avec des choses impossibles et des scènes de film. J'ai beau m'en vouloir, je peux pas demander autre chose. Si, peut être, du temps, des montagnes russes et deux coeurs accrochés comme des ongles enfoncés dans une peau encore toute jeune. Je sais qu'un jour je serais heureux, pleinement heureux, promis.
" C'est pas ma faute si on t'a jamais appris qu'à être heureux. C'est pas mon problème si tu sais pas comment on fait. Tu veux pas apprendre, tu sais pas apprendre."
J'ai peur qu'elle quitte la voiture, j'ai peur qu'elle perde patience. J'attrape son cou, j'attrape sa cuisse, j'attrape sa bouche, avant qu'elle mette la main sur la portière parce que, j'ai peur de mourir.