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Quelques semaines après le départ de Carolina, ma mère est venue me voir avec un paquet en papier kraft, elle avait reconnu l'écriture, je l'ai reconnu aussi. On a pris le thé, elle m'a parlé de des voisins, de ma soeur, du chien, de sa cystite, de mon père, de rien. Quand elle est partie, je me suis jeté sur le papier kraft à petits pas, à la fois ravi et méga flippé. C'était une revue cochon, 2001, sa préférée, j'ai pas vraiment osé la toucher. Dessus, il y avait écrit en gros: "VIENS ON FETE CA" avec un numéro de téléphone. On était encore amis sur Facebook et Carolina m'avait rageusement supprimé de ses contacts. Il avait toujours la même voix, cette voix de mec fier de sa bite et son tableau de chasse avec dans les intonations cette phrase plus clichée qu'une épisode d'Amicalement Votre: "La cavalerie est arrivée". Il m'a donné rendez-vous dans un bar quelque part dans un quartier que je connaissais pas. Ca sentait le bar à putes, le bar à drague et moi j'étais célibataire. Quand il est arrivé, il avait la même dégaine d'étudiant. Il s'était foutu de ma gueule avec mon look veste noir, jean bien coupé et chemise saumon. J'avais grandi. Pour lui j'avais vieilli. Il nous a commandé des cocktails que j'avais plus bu depuis la fac et il m'a forcé à boire, boire. Boire jusqu'à ce que je vomisse Carolina sur ma chemise rose. Du coup je l'ai enlevée au moment où il a enlevé son tee-shirt des Beatles en me marrant avec un rire gras, un rire d'ado prépubère qui boit ses premiers bières avec un peu de bouc et des pustules blanches dedans. Quand il a voulu que je le rejoigne sur le comptoir, j'avais ni assez de vomi ni assez d'équilibre pour y arriver alors je l'ai laissé se foutre à poil et je me suis mis à regarder les filles. Entre les trois pétasses brunes qui se dandinaient en short autour de lui et les cougars en mal d'amour avec leurs décolletés jusqu'aux genoux, il y avait une juste à mon goût. Une de ces filles sur qui on avait envie de tout lâcher sur les cheveux dans les toilettes en oubliant son prénom. Ses grandes extensions blondes sur un reste de touffe décolorée, ses gros sourcils bruns redessinés cent fois, ses talons de douze et ses petits seins ramenés en push-up bancal jusqu'à son menton, j'en explosait mon jean trop bien coupé. On se regardait, yeux à fesses, j'ai rincé ma bouche pour faire passer le vomi, j'ai piqué le tee-shirt Beatles et je lui ai attrapé le bras en laissant une phrase de drague que j'avais entendu quelque part au Macumba Club de Bretagne dans lequel on avait fêté les trente ans de ma cousine. Elle m'a fouetté le visage avec ses extensions et ses créoles jusqu'aux épaules. C'était Carolina.